"Soyez les poètes de votre vie,
Osez chaque jour mettre du bleu dans votre regard,
et de l'orange à vos doigts,
des rires à votre gorge et surtout
une tendresse renouvelée à chacun de vos gestes"
Jacques SALOME
Ma réflexion autour de mon "perfectionnisme", de mon exigence envers moi même et envers les autres, de cette quête effrénée de reconnaissance et d'amour, m'amène à d'importantes prises de conscience, fondatrices pour mon cheminement :
- J'ai parlé dans mon précédent article de ma difficulté à faire l'exercice proposé par mon accompagnatrice (une magnétiseuse relaxologue, qui m'aide beaucoup actuellement) : Trouver des choses positives dans ma journées et m'attribuer trois compliments (Je suis courageuse, je suis généreuse, je suis....) était très difficile pour moi, au point de me faire éclater en gros sanglots durant la séance ! J'ai été élevée par un père qui ne supportait pas qu'on se vante, pronait la modestie (pour les autres !), et ne faisait pas de compliments...Pour moi, verbaliser des compliments , des adjectifs positifs envers moi-même, me donnait l'impression d'être orgueilleuse. Mais j'ai compris que l'orgueil, ce n'est pas ça. Ce qui est de l'orgueil, c'est plutôt le fait de ne pas supporter qu'on puisse ne pas m'aimer, m'admirer, m'aduler. L'orgueil, c'est avoir peur de la moindre critique, ou pire, avoir peur de ne pas être placée sur un piédestal...C'est vouloir être au dessus du lot, la meilleure...Pouvoir s'apprécier, apprécier qui je suis, ce que je suis, telle que je suis, c'est simplement de l'estime de soi. S'accepter avec ses faiblesses, certes, ses fragilités, mais aussi ses compétences, ses qualités, ses talents. Et si je développe cette estime de moi, si j'apprends à m'aimer, alors j'accepterai qu'on puisse m'aimer telle que je suis, avec mes faiblesses et mes fragilités, sans chercher à faire plus, mieux...
Avec cette prise de conscience, l'exercice proposé devient beaucoup plus facile, mais toujours indispensable pour ancrer au quotidien cette estime de soi. Je me surprends dans la journée, entre deux réunions, dans la voiture, au coucher, à formuler en moi ce que j'ai fait de bien, et à trouver trois adjectifs positifs associés : Par exemple : "Malgré ma charge de travail, j'ai trouvé le temps de parler avec une collègue de nos enfants et de leurs orientations respectives...Je suis sociable, je suis à l'écoute, je suis disponible aux autres...".
- Une des difficultés pour faire cet exercice était aussi de me dire : Mais je n'ai rien fait d'extraordinaire aujourd'hui ! Et puis on est toujours dans le même registre, boulot, cuisine, enfants...! Et revient la litanie : Ma vie est très banale, il faudrait que je fasse plus de choses, que j'ai une vie sociale, associative, artistique, amicale, spirituelle, sportive etc. plus développée... Bref, revoila les exigences, les insatisfactions qui reviennent au galop. Pourquoi ? Vouloir se conformer à un modèle, des normes familiales, sociales ? Mon père ou ma mère ou ma soeur font ceci et cela, sont engagés dans ceci et cela, donc je dois en faire autant, voire plus ? Les revues de psychologie ou de développement personnel recommandant d'être ainsi, ou de développer ceci...donc, je dois m'y conformer pour être ...parfaite ? Meilleure ? Plus heureuse ?
Ce que mon accompagnatrice m'a aidé à réaliser, c'est que nous avons tous des vies somme toute très banales, avec une bonne dose de quotidien, d'actions répétitives mais nécessaires. Et que c'est dans ce quotidien, dans ces toutes petites choses, que nous pouvons donner le meilleur de nous même. Pas besoin de faire plus, toujours plus...Vivre dans l'ici et maintenant, en y mettant "de l'orange à vos doigts" comme dit Salomé. Et du coup, mon petit "fourgonnage" du matin prend toute sa valeur...mais aussi la réalisation du planning de la semaine au travail, tâche indispensable, fastidieuse, complexe, mais qui permet ensuite à chacun de travailler sereinement...et également le petit tour des résidents pour voir comment chacun va et répondre à leurs interrogations, les rassurer...Mais aussi la petite touche déco dans l'assiette du diner, pour donner au repas un petit air de fête...
- Enfin, j'ai réalisé à quel point le risque est grand, à force d'exigences, de dériver vers une insatisfaction permanente et sournoise. "Je ne fais pas assez" ou "je pourrais faire mieux" dérive vite en "je n'ai pas assez" ou "ma vie pourrait être mieux"...Et c'est un cercle vicieux, car l'insatisfaction amène plus d'exigence etc...Bref, de quoi ne jamais être heureux ! J'ai donc décidé de rajouter un exercice à celui proposé par mon accompagnatrice : Chaque soir, repenser à 3 petits bonheurs de la journée. Et forcément, spontanément, cela amène à exprimer de la gratitude envers la vie, cette petite vie toute simple que je vis aujourd'hui, mais qui m'apporte tant de bonheurs. "Oser chaque jour mettre du bleu dans votre regard...". Et cela m'amène également, non seulement à savoir de nouveau regarder et apprécier ces petits bonheurs qui parsèment mon quotidien, mais aussi à penser à en créer de nouveaux, des toutes petites choses, mais qui colorent autrement ma journée : Faire un tour de jardin pour voir la nature s'éveiller, mettre un CD que j'aime, m'accorder un peu de temps pour lézarder au lit, en voyant les rayons de soleil au travers des volets...
Soyons tendres avec nous mêmes...soyons les poètes de notre vie.